Les étudiants d'HETIC reviennent sur leur formation au design fiction
Le Design Fiction Studio a organisé une semaine de formation pour la rentrée 2020 des étudiants du programme Grande École de l'école HETIC en 3ème année. Retour d'expérience avec Clément Borie, Pierre Bornstein, Julien Brunin, Maxime Druart, Mathias Kanny, Eythan Saillet et Matthieu Salgueiro Vidal de l’équipe Namansi Industries.
Quels ont été vos principaux enseignements lors de cette semaine de design fiction ?
Cette semaine nous a appris à confronter nos idées, à faire des concessions et à nous remettre en question en permanence. Nous avons eu un peu de mal au démarrage pour construire notre monde dystopique, avec des idées décousues et des conversations qui divaguent rapidement… Mais une fois tout le monde d'accord, nous avons su inventer une stratégie pertinente pour notre entreprise fictive, dans un monde fictif.
Avez-vous rencontré des obstacles qui vous ont obligés à adapter votre idée initiale ?
Au départ, nous étions parti sur un produit totalement différent de l'idée finale. Après réflexion et discussion avec les intervenants, nous avons pivoté vers une nouvelle idée pour son adéquation avec la critique de la société que nous voulions mettre en avant.
Comment avez-vous organisé le travail au sein de l’équipe ?
Après avoir travaillé tous ensemble sur la création de notre univers, certains se sont mis à concevoir le produit imaginé, d’autres ont travaillé sur l’identité de la marque et le reste de l’équipe a élaboré la stratégie de communication.
Nous avons eu la chance d’avoir l’accompagnement quotidien de nos deux intervenants : Grégoire Charrassin et Adrien Rivierre, qui nous ont beaucoup aidé à cadrer et élaborer notre idée, en nous guidant dans la bonne direction.
Quelles contraintes avez-vous rencontrées par rapport aux travaux que vous concevez habituellement ?
Depuis notre arrivée à HETIC, on nous parle souvent de “construire le monde de demain”. Au cours de nos deux premières années, nous avons eu l'occasion de travailler sur de nombreux projets, mais aucun ne nous a autant projeté dans le futur.
Pour inventer un produit dans un monde que nous ne connaissons pas encore, il faut d'abord imaginer le contexte. Nous avons donc dû créer ce futur proche en veillant à la cohérence de chaque élément, grâce à la contribution créative de tous les membres de l’équipe !
Nous nous sommes également promis d’essayer la visualisation 3D pour proposer un rendu réaliste du produit et permettre une véritable immersion.
Nous avons également été poussés à expliquer notre procédé le plus précisément possible. Pour se faire, nous avons par exemple mené une réflexion sur les molécules chimiques à utiliser ou élaboré un manuel détaillé de l’utilisation du produit.
Pouvez-vous nous présenter votre expérimentation ?
En 2035, Namansi Industries commercialise une seringue permettant l'injection d'hormones visant à augmenter la taille et la vitesse de croissance des animaux, dans le but d’accroître les rendements dans les élevages.
Après avoir fait fortune avec cette invention, Namansi Industries parvient à contrôler l’ensemble du marché agroalimentaire mondial.
Mais au fil du temps, les proportions des animaux deviennent démesurées et leur croissance incontrôlable. Les zones d’élevage deviennent de plus en plus difficile à gérer et les animaux envahissent les zones urbaines.
La situation plonge le monde entier dans une crise alimentaire et sanitaire. Les humains se réfugient dans certaines grandes villes, clôturées du reste du monde pour se protéger des menaces extérieures.
Quelles réalités actuelles avez-vous décidé d’extrapoler ?
Nous avons voulu explorer les rouages de l’industrie agroalimentaire, en nous inspirant des conditions de maltraitance animale, régulièrement dénoncées par des associations comme L214 par exemple.
Nous avons également garder à l’esprit la course à la productivité de notre société de surconsommation et avons décidé de transposer la transformation génétique des plantes aux animaux.
Tant de sujets tellement ancrés dans notre société que nous ne nous rendons presque plus compte de leurs impacts et de leurs enjeux, alors que nous devrions rester très vigilants.
Aviez-vous en tête des sources d’inspirations littéraires ou cinématographiques ?
Au-delà des livres et films dystopiques que nous connaissons tous, Okja nous a particulièrement inspirés.
Dans ce film qui pose la question de la consommation de viande dans la société industrielle, Bong Joon-Ho raconte une histoire d’amitié entre une petite fille et un cochon génétiquement modifié qui prend des proportions gigantesques.
La firme qui a créé ce monstre cherche à les séparer pour ne pas perdre le contrôle de la situation.
La fin tragique sonne comme un cri d’alerte face aux problèmes liés à notre empreinte écologique et notre utilisation d’organismes génétiquement modifiés, ce qui en fait à nos yeux une œuvre frappante et remarquable.